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dimanche 22 novembre 2015

Christian Prigent, Pierre Le Pillouër et Fabrice Thumerel : Écrire après...







On (OUEST-FRANCE, entre autres) m’a demandé de dire quelque chose sur les « événements » parisiens du 13 Novembre. J’ai décliné, incapable d’autre chose que des banalités désolées et des rages impuissantes qui sont dans nos têtes et nos cœurs. Bien sûr, comme tous, je rumine ces « événements ». Inévitablement (d'un point de vue « sécuritaire ») on va de plus en plus nous fermer le monde, l'espace, le temps, les paroles. On est en train de le faire (et pas seulement aux frontières géographiques). Or c'est pour combattre un nihilisme puritain, morticole et mortifère, qui est justement la quintessence épouvantable du fermé. Nous (ceux qui lisent, qui écrivent), ce sur quoi et à quoi nous essayons de travailler, c’est l’ouvert (pas seulement des frontières, des salles de spectacles, des stades : des langues, donc des pensées, donc du monde réel disposé et disponible entre nous, donc des vies vivables). Rien à céder, moins que jamais, là-dessus : aucun rire, aucune impiété, aucune obscénité, aucune aventure d'amour, de pensée, aucun jeu gratuit, aucune invention obscure.

Christian PRIGENT


Face à des innocents lâchement assassinés par d'infâmes fanatiques, la poésie peut peu, pour le dire à la façon de Christian Prigent. Ça, le moderne ? Quoi, la modernité ? Cois, les Modernes… Face à l'innommable, seul le silence fait le poids ; comme à chaque hic de la contemporaine mécanique hystérique, ironie de l'histoire, l'écrivain devient de facto celui qui n'a rien à dire. Réduit au silence, anéanti par son impuissance, son illégitimité. Son être-là devient illico être-avec les victimes et leurs familles. Nous tous qui écrivons ne pouvons ainsi qu'être révoltés par l'injustifiable et nous joindre humblement à tous ceux qui condamnent les attentats du 13 novembre. Et tous de nous poser beaucoup de questions.
Surtout à l'écoute des discours extrémistes, qu'ils soient bellicistes, sécuritaires, islamophobes ou antisémites sous des apparences antisionistes.  C'est ici que ceux dont l'activité – et non pas la vocation – est de mettre en crise la langue comme la pensée, de passer les préjugés et les idéologies au crible de la raison critique, se ressaisissent : le peu poétique ne vaut-il pas d’être entendu autant que le popolitique ? Plutôt que de subir le bruit médiatico-politique, le spectacle pseudo-démocratique, les mises en scène scandaculaires – si l'on peut dire -, ne faut-il pas approfondir la brèche qu'a ouverte dans le Réel cet innommable, ne faut-il pas appréhender dans le symbolique cette atteinte à l'entendement, ce chaos qui nous laisse KO ? Allons-nous nous en laisser conter, en rester aux réactions immédiates, aux faux-semblants ?
Une seule chose est sûre, nous continuerons tous à faire ce que nous croyons devoir faire. Sans cesser de nous poser des questions.
Ce communiqué, signé de Pierre Le Pillouër et Fabrice Thumerel, est publié simultanément sur les sites

lundi 3 mars 2014

TXT/Rennes, supplément au numéro 5 de la revue, printemps 1972 (Traversée Prigent #4)

Le moment est maintenant venu de retracer l'entrée dans le champ du jeune Christian Prigent, avec cette revue d'avant-garde qui va tenir plus de vingt ans : TXT (1969-1993).
Ci-dessous, un document devenu introuvable : le supplément au n° 5 de TXT ("Fonctions d'une revue"), paru au printemps 1972.


















jeudi 23 janvier 2014

Colloque de Cerisy. Christian Prigent : trou(v)er sa langue





                   CHRISTIAN PRIGENT : TROU(V)ER SA LANGUE

DU LUNDI 30 JUIN (19 H) AU LUNDI 7 JUILLET (14 H) 2014

(Colloque de 7 jours)

DIRECTION : Bénédicte GORRILLOT, Sylvain SANTI, Fabrice THUMEREL

Avec la participation de Christian PRIGENT

ARGUMENT :

Comme ancien directeur de la revue d'avant-garde TXT (1969-1993) autant que par l’ampleur et la diversité de son œuvre personnelle, Christian Prigent (né en 1945) fait l’objet, depuis 10 ans, de multiples publications, rencontres, journées d’étude, enregistrements, mises en scène et films. D’où l'opportunité d’organiser un colloque international qui permette d'établir un premier bilan des réflexions proposées sur cet écrivain et d'ouvrir d'autres perspectives de lecture.


Le réel est ce que l’écrivain affronte, face auquel il essaie de trouver sa langue. Or ce réel est pour lui, comme pour Lacan, ce qui "commence là où le sens s'arrête". C’est encore le réel pulsionnel du corps qui défait les voix, comme chez Artaud ou Bataille. Marqué par la négativité de la Modernité, Prigent ne cesse donc de trouer la langue, les représentations admises aussi bien que l’histoire littéraire. Et il problématise violemment la légitimité du geste créateur. Mais il invite aussi à un salut du poétique inattendu en ce début de siècle qui continue volontiers à liquider, avec les avant-gardes, les genres millénaires, les engagements politiques et les utopies esthétiques. Les livres de Christian Prigent proposent ainsi une "trouée", au sens de la promesse d'une embellie. Car s'y opère peut-être le miracle d'avoir forcé l'expression juste du réel - voire de soi ?